Colloque Liège - Les Défis de la longévité : créativité et innovations (J1)

Bonjour

Et voilà. Fin du premier jour. Ce colloque qui réunit une majorité de médecins, profs et autres chercheurs de la francophonie conduit à un certain optimisme.

Le programme est très riche, plusieurs présentations ont lieu simultanément, il faut donc choisir. Pour une animatrice socioculturelle, dans certains cas, le choix n'est pas compliqué mais on peut aussi se laisser surprendre.

Voici donc un résumé de cette première journée.

Première présentation : La recherche sur le vieillissement de demain

• Intervenant : Yves Joanette de l'Institut de recherche en santé du Canada (IRSC)

Thèmes développés : Une différence est à faire entre l'espérance de vie absolue et l'espérance de vie en bonne santé. On manque de recherches sur l'intégration des différents systèmes de santé, en particulier concernant les dernières années de vie. Un programme de recherche est en cours en Europe, si vous voulez en savoir plus, il s'appelle "More years, better live" (MYBL). Les chercheurs prennent en compte non seulement la biologie (biomarqueurs) mais aussi leurs inter actions avec l'économique et le social. A Québec, pour mener ces recherches, on constitue des "jurys citoyens" afin de prendre en compte les trajectoires de vie.

Bruno Vellas, gériatre au gérontopôle de Toulouse, n'a pu être présent à ce colloque mais il a été cité. Pour lui, chaque médecin hospitalier, même non universitaire a un "devoir de recherche".

Un nouveau concept est pris en compte, il succède à celui de dépendance, c'est celui de "fragilité".

Deuxième présentation : Ouverture officielle du colloque

Principe posé : la longévité est une opportunité de développement pour notre monde moderne. Il faut en avoir une vision positive tout en considérant que les problèmes posés par le vieillissement sont de la même échelle que ceux posés par le réchauffement climatique.

Quelques orateurs se sont ensuite succédés sur les thèmes suivants :

- Nouveaux traitements et perspectives sociétales dans la maladie démentielle : 99% des recherches pharmacologiques aboutissent à un échec. Toute nouvelle recherche doit inclure les biomarqueurs en préalable.

- Le vieillissement à travers les télomères : là, j'avoue, j'ai un peu décroché, mais apparemment, c'est une grande source de débats contradictoires dans la population médicale...

- Villes amies des aînés (VADA) : historique et perspectives actuelles par Suzanne Garon de Sherbrooke, première VADA (2007) à l'origine d'un réseau mondial, il y en a aujourd'hui 712. Selon les critères de l'OMS. Mise en avant du fait que nos pays ayant eu la chance d'être riches avant de vieillir ont davantage d'opportunités que d'autres pays au développement récent qui eux sont vieux avant que d'être riches... Un rappel historique du concepteur originel des VADA (Alex Kalache) nous est fait par le Pr Franco.

- Campagne pour une Union européenne de tous les âges par Anne-Sophie Parent de "Age plateforme Europe" qui est un lobbying de seniors représentant 40 millions de personnes plutôt efficace. Aller au-delà du concept VADA pour créer un environnement ami de tous les âges. Et arrêter de gaspiller nos ressources naturelles que sont les capitaux humains tant jeunes que vieux... Cette association est en train de travailler à l'élaboration d'une convention qui verra le jour dans 2 ans sur le changement démographique. Elle réunit 29 partenaires et est ouverte à de nouvelles collaborations.

- Dépendance et longévité par Pierre Pestiau, économiste. Illusion de la famille altruiste. Recherche en cours ; SHARE. La dépendance n'est pas une maladie, elle coûte encore plus cher car elle requiert des soins humains (nursing ou aide en français). Une personne sur 5 en France ne peut pas compter sur une aide familiale. Définition de l'aidant "naturel". Coût social énorme de l'aide dite "naturelle". Notre société ne pourra pas plus longtemps faire l'impasse sur une assurance sociale cohérente qui est aujourd'hui inexistante. Recherche à développer.

- Présentation des gérontechnologies par le Pr Franco. Voir sur internet EIPAHA. Reprise du concept de fragilité entre pathologies et actif/bonne santé. La tendance actuelle est la prédominance de l'homo faber sur l'homo sapiens, attention ! Ne plus compter sur un État providence mais sur un État partenaire qui se désengage de plus en plus. Le marché des gérontechnologies n'est plus celui, classique, entre un vendeur et un acheteur mais un marché beaucoup plus complexe qui forme une boucle avec un utilisateur, un prescripteur, un financeur, etc.

Troisième présentation : un satellite symposium de Sanofi Pasteur MSD ---> Regards croisés sur le zona

Je n'avais pas prévu mais la curiosité m'y a poussée et aussi le "lunch bag" était offert... Et puis l'un des orateurs était un gériatre du CHU de Grenoble.  Point de vue du gériatre sur l'impact du zona sur le déclin fonctionnel lié au vieillissement - Point de vue du psychiatre sur les capacités d'adaptation au zona du sujet âgé - Point de vue du neuro-pharmacologue sur l'impact de la douleur et sa prise en charge sur la qualité de vie du sujet âgé - Point de vue du médecin généraliste sur l'intérêt de la prévention du zona et de ses complications.

L'impact du zona sur la vie sociale des personnes âgées. Zona versus dépression versus maladies fonctionnelles. Zona facteur de risque pour la dépression. Le risque de DPZ (douleurs post-zostériennes) après un zona augmente avec l'âge. Douleurs résistantes aux patchs de lidocaïne. 95% de la population est porteuse du virus donc à risque de présenter un zona. J'ignorais l'importance de cette maladie et les répercussions qu'elle pouvait avoir sur la vie sociale des personnes âgées.

Quatrième présentation : Les chutes dans les aventures de Tintin : quels facteurs de risque et quelles conséquences ?

Un bon numéro vocal du pédiatre (oui, je dis bien pédiatre) québécois Claude Cyr que j'ai enregistré et que je vous mettrai prochainement en ligne. Un bon moment de détente mais dont la suite portait sur les "biomathématiques"... Très peu pour moi même si l'assistance a été séduite.

Cinquième (et dernière) présentation : De la créativité des personnes âgées à celle des concepteurs : l'innovation en matière de technologies pour l'autonomie, une démarche de nature participative ?

Présentation et analyse d'un exemple suisse de mise en pratique d'un équipement de protection dans un logement ordinaire. Freins (peur des soignants de l'intrusivité). Reprise du concept de personnes fragiles versus personnes handicapées. Travail sur degré d'acceptabilité d'un tel équipement par les clients (c'est ainsi qu'on parle en Suisse). Déroulement de l'expérimentation même si pas d'accompagnement scientifique. Test actuel sur 40 personnes qui amène plus de questionnements que de réponses. Par exemple : inclusion ou non des proches aidants dans la boucle de réception des messages d'infos. Considérations éthiques sur la responsabilité en cas de problèmes. Conception participative. On retrouve l'idée du matin du "jury citoyen"... Obstacles à la conception (limites cognitives, surprotection des aidants, visualisation de l'avenir et difficulté d'imaginer l'apport de la gérontec). Facilitateurs (le connu et le familier, la routine, les thérapeutes). Procédures d'apprentisage de la techno par les personnes DTA.

Et voilà, il est 18h30.

Il y a aussi une très grande exposition de posters, j'en ai pris quelques uns en photos, je vous en mettrai les titres et pourrai vous les scanner à la demande.