Repair café (Suite)

Je vous ai publié plusieurs articles sur le repair café de Montbonnot. En voici un sur celui de St Egrève, qui fonctionne depuis un peu plus longtemps. C'est un bon plan pour des anims toujours à la recherche de solutions économes et préservatrices de lien social.(Béatrice)

LU SUR PLACE GRENET le 28 juin 2014

 REPORTAGE – Ouvert à tous, le premier Repair Café de l’agglomération tient sa permanence hebdomadaire depuis septembre 2013 à Saint-Égrève. Il rejoint le réseau grandissant des Repair Cafés, initiative citoyenne née aux Pays-Bas en 2007 et relayée à l’échelle mondiale.

Tous les vendredis de 13 h à 18 h, une douce odeur de café vous accueille dès que vous poussez la porte de la Maison des solidarités et des familles de Saint-Égrève. Bienvenue à la permanence du Repair Café ! Le concept est simple : il s’agit pour des volontaires d’apprendre aux visiteurs à réparer des objets économiquement irréparables. Entraide, lutte contre l’obsolescence programmée, réduction des déchets… Autant de raisons qui réunissent bénévoles et usagers.   Après avoir rempli une succincte description de votre problème et signé une décharge, il va peut-être vous falloir attendre un peu qu’un des bénévoles soit disponible. Le café et les petits biscuits vous aideront à passer le temps, si besoin. Dans la salle, une douzaine de personnes, dont une grande majorité d’hommes retraités, s’affairent dans une ambiance bon enfant. Toutes sont réparties en petits groupes.      L’électroménager en tête des interventions     Les regards paraissent concentrés, certains convaincus d’autres plus dubitatifs. Les discussions s’engagent parfois autour d’objets hétéroclites : vieux tourne-disque, cafetière, rasoir électrique, bouilloire, nettoyeur haute-pression, imprimante, PC, centrale vapeur, luminaire, aspirateur, fer à lisser les cheveux…   « Nous pensions aussi avoir à faire de la menuiserie, des réparations de vélos, de la couture, mais ce n’est pas le cas pour l’instant » note Nicolas Sadoine créateur du Repair Café de Saint-Égrève. En effet, avec 43 % des interventions, l’électroménager arrive en tête, suivi des appareils image ou son pour 25 % et de l’informatique pour 12 %.

Un atelier d’entraide et d’apprentissage     Même si certains ont un actif professionnel dans les domaines concernés, aucun prérequis n’est demandé pour être bénévole et tous les savoirs-faire sont les bienvenus. « Je porte une attention particulière à l’aspect sécurité électrique » tient à préciser Nicolas Sadoine, lui-même retraité d’un bureau d’étude électrique. « C’est très formateur, il y a beaucoup d’échanges entre bénévoles. Je me souviens d’un jeune qui était venu voir. Au début, il ne touchait pas un fil électrique mais il a appris plein de choses en deux mois. Il a osé bricoler chez lui, alors qu’avant il n’aurait jamais pris un marteau ! »   Du côté des usagers, Nicolas observe qu’outre une nécessité économique ou une volonté de changer son mode de consommation, beaucoup viennent pour réparer des objets sans aucune valeur autre que sentimentale. Ils ne veulent tout simplement pas jeter de vieux objets auxquels ils sont attachés.     Renouer avec l’acte de réparer     Il n’est pas toujours aisé de savoir qui est bénévole et qui est usager autour des objets disséqués. Tour à tour, chacun observe, donne son avis, fait en fonction de ses compétences, ses aspirations et de la gravité de l’intervention “chirurgicale”. C’est un des principes fondamentaux du Repair Café, insiste Nicolas Sadoine : « les gens viennent là et s’investissent. C’est un état d’esprit. Nous voudrions intervenir le moins possible et pousser les gens à faire eux-mêmes. Ne serait-ce que défaire une vis. Nous essayons de voir jusqu’où chacun peut aller, ce qu’il comprend et ne comprend pas. Mais il n’y a aucune obligation, bien entendu. »    

Bénévoles ou usagers, venir au Repair Café est donc un moyen de renouer avec l’acte de réparer soi-même qui n’existe presque plus dans notre société. Mais aussi de redécouvrir le plaisir que cela peut procurer.   Fort de ce partage de compétences et disposant d’un arsenal d’outils très spécialisés qu’un particulier n’aura pas chez lui, le Repair Café affiche un taux de réussite de 52 % depuis sa création. En cas de réussite seulement, on vous demandera une contribution de 5 euros, sous forme de don à l’association Refus de Rebut créée pour l’occasion par Nicolas.     Repairs cafés en gestation     Une moyenne grandissante de 25 interventions à chaque permanence démontre que l’engouement est grand. Un deuxième Repair Café a d’ores et déjà ouvert à Montbonnot-Saint-Martin, le 15 avril dernier. Celui d’Engins sera inauguré ce vendredi 6 juin. Le Pont-de-Claix, quant à lui, cherche encore son local, tandis que Seyssinet-Pariset et Saint-Martin-d’Hères sont également engagées dans cette démarche.    

Une démarche qui demande l’énergie de toujours plus de volontaires. « On essaie de draguer les jeunes » confie Nicolas, sourire en coin. Les femmes sont également peu présentes, hormis à l’accueil. Avis aux amatrices de bricolage !   En tout cas, les projets à venir ne manquent pas. Circuits de formation où les gens viendraient parler de ce qu’ils maîtrisent, camionnette itinérante afin d’exporter le concept, stock commun de pièces détachées… Nicolas Sadoine, lui, ne semble pas être en panne d’idées.   Delphine Chappaz

Source : article Repair Café : ne jetez plus, réparez ! | Place Gre'netPlace Gre'net de PlaceGrenet