7ème colloque sur les approches non médicamenteuses de la maladie d'Alzheimer

Deuxième journée : vendredi 14 novembre 2014

Oser proposer une alimentation aux personnes fragilisées avec les concepts de plats picorés et savourés (9h)

Par Martine Perron, auteure, consultante spécialisée en gérontologie. Martine Perron s'est orientée vers le domaine de la formation après avoir exercé pendant une dizaine d'années le métier d'infirmière. Elle bénéficie également d'une expérience significative en tant que directrice d'EHPAD. Ses travaux sur la communication spécifique à proposer aux personnes fragilisées l'ont conduite à développer des compétences en gérontologie qu'elle partage au travers de formations, de conférences, d'interventions radiophoniques et de publication d'ouvrages spécifiques.

Quelques phrases préliminaires : relation inversement proportionnelle entre la hausse du budget de compléments alimentaires et le degré de satisfaction alimentaire - Bien manger n'est pas forcément manger "comme à l'ancienne" - Saliver est indispensable au "bien manger".

"L'accroissement de l'espérance de vie confronte nos sociétés à une nouvelle génération de publics très âgés dont nous devinons peu à peu les particularismes...

Le concept de nourriture en mode picoré et savouré est conçu pour offrir une offre de restauration adaptée aux différents types de handicaps subis par ces personnes. L'objectif principal étant d'apporter à celles-ci une nourriture adaptée, variée et basée sur la notion fondamentale de plaisir.

Selon le communiqué de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), la dénutrition des personnes âgées toucherait en France près de 400 000 personnes de plus de 65 ans vivant à domicile et de 20 à 30 % des personnes âgées dépendantes à domicile ou vivant en institution. Les principaux facteurs connus de risques liés à la dénutrition sont, entre autres, l'anorexie, les pathologies aiguës, le stress psychologique ou la dépression.

Désormais, nous devons prendre conscience que les personnes très âgées et fragilisées n'ont parfois que le repas comme seul plaisir. Mais encore faut-il que celles-ci puissent se nourrir avec des plats spécifiquement adaptés à leurs difficultés.

C'est dans cet objectif que les repas classiques, les menus du quotidien, sont présentés, transposés sous deux formes distinctes : les repas "picorés" et les repas "savourés".

Les plats "picorés" permettent aux personnes de déguster des plats sans se servir de couverts. Des plats attractifs, qui leur permettent, dans des situations que nous avons pu observer et analyser, de reprendre 4 à 5 kg par mois. De retrouver une masse musculaire, grâce à des apports suffisants de protéines qui diminuent le risque de fonte musculaire, de chutes, d'escarres.

Quant aux plats en mode "savourés", ceux-ci se substituent aux plats mixés qui pour la plupart, ne se distinguent pas pas leurs propriétés appétissantes...

La mise en oeuvre d'une stratégie nutritionnelle adaptée à des personnes âgées fragilisées exige un investissement de tous les acteurs concernés :

• la direction de la structure
• les équipes soignantes
• les équipes de cuisiniers
• les équipes d'agents de restauration

Par cette présentation, nous souhaitons convaincre les acteurs de la sphère gériatrique de participer à faire émerger l'idée qu'il est indispensable d'imaginer de nouveaux modes de nutrition pour cette nouvelle population qui mérite de trouver du plaisir à s'alimenter, qui mérite de vieillir en conservant son autonomie et sa dignité.

Références : Oser proposer une autre alimentation aux personnes âgées fragilisées, avec des concepts de plats "picorés" et "savourés", éditions Chronique Sociale, Lyon, 2011 - La clé des sens ou comment mieux communiquer avec des adultes âgés, Ed. Chronique sociale, 2003 - Email : martineperron@voila.fr