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GAG38 : Le blog de l'asso des animateurs géronto de l'Isère
24 novembre 2014

7ème colloque sur les approches non médicamenteuses de la maladie d'Alzheimer

Deuxième journée : vendredi 14 novembre 2014

Fausses routes ? Et si l'on faisait fausse route ? Repas mixés : la seule réponse aux troubles de la déglutition ? (9h30)

cormary

Par Xavier Cormary et Yann Tanou, orthophonistes. Xavier Cormary est orthophoniste depuis 1992 et formateur depuis 2009. En plus de son exercice libéral de l'orthophonie, il est formateur à propos de la déglutition en France, en Belgique et au Maroc auprès de logopèdes et orthophonistes et auprès de personnels soignants en Institutions : hôpitaux, centres de rééducation, EHPAD. Depuis 2012, il est chargé de TD à l'école d'orthophonie d'Amiens sur la question de la déglutition chez la personne âgée. Yann Tanou est orthophoniste depuis 2006. En parallèle de son activité libérale de l'orthophonie, il est formateur à propos de la déglutition en France et Belgique et au Maroc auprès des mêmes structures que Xavier Cormary et ce, depuis 2010.

Quelques phrases et concepts relevés pendant les interventions de X. Cormary et Y. Tannou : C'est le cerveau qui met l'eau à la bouche - Il n'existe pas d'étude scientifique randomisée sur les effets bénéfiques de l'eau gélifiée à long terme pour les personnes démentes - Site : la 10phagie.fr

"Les personnes âgées souffrant de démences de type Alzheimer présentent souvent des difficultés apparentes de déglutition au moment des repas, dont le signe le plus fréquent et le plus visible est la toux, qui inquiète les personnels et les familles, surtout si la toux est forte.

E effet, tout le monde a en tête le risque d'étouffement par obstruction laryngée et souhaite le prévenir par la mise en place d'une alimentation mixée et de liquides épaissis ou gélifiés.

Ce principe de précaution est depuis longtemps trop généralisé : en effet, dans une étude parue en 1995 (Dysphagia and dietary levels in skilled nursing facilities. J. Am Geriatr Soc.), les orthophonistes américains Michael Groher et Neil McKraig estimaient que 91% mangeaient des mets trop simplifiés par rapport à leurs capacités réelles de déglutition.

De plus, cette alimentation retravaillée est très rarement appréciée.

Difficile à fabriquer, peu appréciée par ses consommateurs, cette alimentation n'st peut-être pas la solution idoine dans le cadre des démences comme la maladie d'Alzheimer. La démence d'Alzheimer atteint la mémoire de travail et provoque la perte d'informations immédiates : par exemple, le patient peut oublier qu'il a un aliment en bouche alors même qu'il est en train de manger. Lorsque cette information est perdue, le mâchage s'arrête et la déglutition ne s'eclenche pas. A la reprise inspiratoire, l'aliment est inhalé par l'air entrant vers la glotte puis les poumons. Il déclenche alors une toux réflexe qui peut conduire à la prescription hâtive d'une alimentation mixée par une équipe soignante trop inquiète.

tannou

Or la déglutition ne commence pas et ne finit pas dans la bouche. Le processus, beaucoup plus global, fait intervenir de nombreuses structures neurologiques et les récepteurs sensoriels. Ainsi un aliment à faible pouvoir stimulant (mixé, tiède, fade) a peu de chance d'activer la mémoire de travail déficiente et risque, au contraire, de favoriser l'oubli en bouche et donc la toux. C'est un effet pervers du principe de précaution : si elle est proposée trop tôt lors de l'évolution de la maladie, l'alimentation mixée risque d'amplifier la dégradation au lieu de la circonvenir. A l'inverse, un aliment à fortes stimulations potentielles (chaud ou froid, croustillant, eau pétillante) peut déclencher un traitement neurologique de l'information donc une déglutition efficace.

Un changement de culture est donc salutaire.

Aucune étude ne prouve que l'eau épaissie évite les complications. Outre son faible pouvoir stimulant, elle favorise la déshydratation sans résoudre efficacement le problème des fausses routes. En bref, à force de priver les résidents de leurs sensations, on finit par obtenir l'effet inverse à celui escompté. D'où la nécessité de décupler les sensations plutôt que de les annihiler !

En résumé, la crainte de l'asphyxie rapide en EHPAD du fait de sa forte charge émotionnelle et anxiogène pour le personnel et les familles entraîne des modifications alimentaires prudentielles dont il faut pourtant faire l'analyse critique.

De plus, cette réponse radicale fait oublier l'autre pathologie plus insidieuse de la déglutition mais pourtant bien plus fréquente : la pneumopathie d'inhalation, dont la prévalence est largement supérieure. C'est la véritable complication des troubles de la déglutition, qu'il convient de prévenir et de traiter. Pour assurer cette prévention, le chantier est conséquent : une hygiène buccale rigoureuse s'impose tout comme le repérage organisé des patients risquant des complications des troubles de la déglutition."

Extrait du document pédagogique remis au début du Congrès.

Xavier CORMARY & Yann TANNOU - Orthophonistes - 25 place de la République - 31600 MURET - Vous pouvez nous appeler au : 05.61.51.45.40 ou nous écrire : xavier.cormary@la10phagie.fr - yann.tannou@la10phagie.fr

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